Début septembre 2017, dimanche matin, Sherbrooke.

Assise dans une salle de yoga. Inconnue. Ma soeur m’ayant amené à cet endroit pour faire ce qu’elle a toujours si bien fait. Prendre soin de moi. Une prof pétillante et lumineuse, cette belle Valentine, se trouve devant moi, inconnue. Le cours débute et sa voix, douce, m’amène à créer cette bulle. Ce moment à moi, de moi. Et elle nous invite à regarder en nous ce dont nous avons besoin, l’émotion que nous nous accordons… ici et maintenant. Ma séparation, mon départ en tant que travailleuse autonome à temps complet, certains projets qui ne fonctionnent pas comme j’aurais aimé… j’ai abdiqué. Pour la première fois, je me suis réellement et totalement accordé la bienveillance face à cette colère et cette peine qui m’habitaient. J’ai «déposé un genou au sol» en m’inclinant face à la vie. Elle était plus forte que moi, pour la première fois de ma vie j’allais placé de côté ce besoin de me battre… et j’allais accepter.

Mon premier réflexe aurait été de partir. De partir le plus loin possible pour me perdre…Me perdre dans la différence, dans l’inconnue. Me dérouter, m’éloigner de moi-même pour éviter d’Être …un instant… Prendre l’avion qui me mènerait le plus loin possible pour me faire vivre des émotions encore plus intenses que celles qui se trouvaient là… pleinement… totalement… mais tellement difficilement… Mais j’ai résisté. J’ai pris mes peurs par une main, ma douleur par l’autre et je me suis assise là, dans le tourbillon de cette tempête. J’ai ressenti, pleuré et accepté. Je me suis fait la promesse que de me perdre encore dans le but de me retrouver n’était pas une option. Que n’importe quelle façon de cesser d’avoir mal, que n’importe quelle émotion plus forte, ne serait-ce que pour un instant, ne valait pas plus que moi… uniquement moi et le moment présent.

J’ai pris le temps de respirer. Le temps de comprendre que je devais laisser des choses aller. Le temps de me reconnecter à moi et à cette force à l’intérieure de moi qui me permet d’y croire… encore et toujours… et de continuer d’avancer. J’ai fait le choix de ne pas m’étourdir. De ne pas essayer d’être une autre personne ou de faire des choses que je ne désirais pas pour me sentir vivante. Je suis restée là. Et j’ai accepté d’être moi. Accepté que j’ai le droit aussi de refuser de me battre. Que l’énergie doit parfois être prise pour prendre soin de soi-même avant de prendre soin des autres ou de défendre corps et âme ce qui nous tiens à coeur. Et même si parfois je prendrais mon passeport et je me rendrais là… maintenant… à l’aéroport pour tout envoyer balader et sentir l’enivrement de l’inconnue… la puissance de se perdre encore… une dernière fois… pour faire face à la déroute… Je demeure là. Ici. Maintenant. Moi. En sachant très bien qu’en étant moi… complètement… je pourrai enfin m’envoler, sans me perdre de nouveau.