24 novembre 2012
Je ne me doutais pas que quelques heures plus tard, mon coeur s’arrêterait de battre pour un instant. Qu’à mon réveil, j’entendrais la voix de ma soeur m’annoncer que je vivais l’un des pires moments de ma vie.
Le souffle coupé. Le coeur qui oublie de faire quelques bons.
J’ai senti le sol se dérober sous mes pieds et chacun des ancrages de ma vie… s’effriter un à un sous mes yeux.
Respire Chrystelle…
Ma voix a raisonnée dans cet espace vide, ce temps d’arrêt.
… et la peur est venue me rejoindre. Envahissant chacune des parcelles de mon corps. Une peur tellement puissante, indescriptible. Et avec elle… un sentiment de vide d’une ampleur infinie.
Ça y était.
Tu étais parti.
Pendant quelques temps, j’ai eu l’impression de revivre à tout moment cette annonce. Comme un mauvais disque qui saute. Une cassette qu’on a trop écoutée. Et à chaque fois… ho oui chaque fois… mon coeur a cessé de battre pour quelques instants.
Toi, ma force. Cet homme si grand, si fort. Cet homme au rire contagieux, aux mauvaises blagues parfois… mais auxquelles je riais toujours de bon coeur. Au sourire qui nous fait oublier du petit bobo sur le genou, à notre première peine d’amour.
Tu ne serais plus à mes côtés. . .
Je n’entendrais plus «si c’est ça qui te fais plaisir ma grande vas-y, fais-le!». Je ne pourrais plus t’appeler lorsque je me sentirais perdue pour entendre simplement «tout va bien aller ma grande fille»… et sentir que c’est bon, je peux y aller!
Je devrais apprendre à me faire confiance.
À me rappeler qu’une partie de qui je suis viens de toi et que je peux m’appuyer sur cette force. Cet ancrage.
23 novembre 2017
Cher papa,
Cinq ans déjà que tu es parti. Je sais à quel point tu as souvent eu peur pour moi. Mon intensité, ma sensibilité. Ce goût de l’aventure, de vivre «autre chose». Ce désir de sortir du moule et parfois de dire «fu***» au monde entier… te déroutaient tellement par moment. Je sais que tu avais peur que je sois parfois ma pire ennemie. Que je me trompe de chemin, que je me perde pour toujours, laissant ces émotions intenses prendre toute la place.
Je sais aussi que lorsque tu me regardais, je pouvais voir tout l’amour du monde. Ce mélange de fierté, d’amour inconditionnel et de craintes lorsque tu m’appelais ton «petit électron libre» je m’en rappellerai toute ma vie!
Ces moments de rires sans fin, de blagues farfelues. Ces moments de dépassement personnel où l’on se rejoignait dans nos sports partagés. Ces moments de chatouilles et de «bagarres» amicales où je sentais que peu importe ce qui se passait, tu étais tellement là pour moi.
Saches, mon cher petit papounet, que «ta belle grande fille», vas aujourd’hui réellement bien. Qu’à ton départ, je me suis fait la promesse de VIVRE et d’ÊTRE réellement. Qu’en cherchant à être quelqu’un que je n’étais pas, beaucoup trop souvent dans le passé, je me suis en effet égarée…
Mais je me suis maintenant retrouvée.
Saches que mon intensité est toujours là 😉 Que j’aime gros comme la terre entière chacune des personnes importantes de ma vie. Que ce que je fais quotidiennement, je le fais avec tout mon coeur, mon âme et mon corps. Que mon amour pour l’Humain, mon désir du partage et de la communauté prends de plus en plus de place dans ma vie… et que je continue de rêver, de croire et de foncer!
Saches que s’il y a une chose que j’ai apprise de toi c’est d’être à un endroit où l’on est bien, nous-même et heureux. Que si quelque chose ne me rend pas heureuse, je n’ai pas besoin de le garder dans ma vie pour démontrer quoi que ce soit à qui que ce soit.
Aujourd’hui, ton rire me manque toujours. Il m’arrive encore parfois de l’entendre pendant une fraction de seconde… Mais n’ait crainte, je continue à rire aussi facilement qu’avant (haha!) 😉
Mon cher papa….
Merci pour cette zénitude que tu m’as incitée à installer dans ma vie.
Merci pour ce goût du rire, du moment présent et du partage avec ceux que j’aime.
Merci pour ce désir de dépasser mes limites. De connaitre de nouvelles choses et d’essayer.
Merci pour ce goût du voyage et de l’aventure. De cette ouverture à voir plus grand et plus loin.
Merci d’avoir laissé à ma soeur et moi, ce désir d’être ensemble… parce que «c’est ça la vraie vie».
Et finalement…
Merci pour cet ancrage… cette force… que je sais maintenant… tu as su laisser bien là au fond de moi.
Je t’aime xxx…