Malgré le fait que le surentraînement et l’épuisement sportif sont de plus en plus présents dans la littérature, ces deux problématiques demeurent souvent méconnues sur le terrain. Pourtant plusieurs athlètes de différents niveaux (même amateur) sont à un moment de leur vie à fort risque de développer l’une d’elles et malheureusement certains en feront l’expérience. Mais comment peut-on développer un surentraînement ou un épuisement sportif? Qu’est-ce qui distingue les deux problématiques? Quels sont les signes à surveiller? Et surtout, pourquoi ces problématiques semblent parfois insidieuses ?

Qu’est-ce que c’est?
En premier lieu, il importe de comprendre qu’un surentraînement est créé par une charge de stress physique plus importante que la récupération actuelle de l’athlète [1,2]. En d’autres mots, la charge d’entraînement est trop importante en comparaison à la capacité de l’athlète de recharger ses batteries et de récupérer adéquatement. Si ce déséquilibre perdure dans le temps il peut mener à un surentraînement souvent observable par une baisse de la performance (autour de 10% de la capacité maximale). Cependant, dans certains cette baisse ne se fait pas sentir rapidement et d’autres symptômes apparaîtront en premier: apathie, instabilité émotionnelle, surcompensation, irritabilité, difficultés de sommeil, perte de poids, trouble de l’appétit, rythme cardiaque élevé, vulnérabilité aux blessures et vulnérabilité aux infections [3]. Ces symptômes peuvent perdurer à moyen et long terme, soit de quelques semaines à quelques mois [1]. Si une période de récupération (passive et active) appropriée n’est pas mise en place par l’athlète celui-ci est alors à risque de développer un épuisement sportif [2].
L’épuisement sportif est comparable à l’épuisement professionnel, c’est-à-dire que l’athlète en épuisement aura des signes physiques, psychologiques et émotionnels. Cette problématique est caractérisée par une fatigue importante, une dépersonnalisation (un détachement face au sport) et une baisse du sentiment d’accomplissement [4]. Les symptômes observés sont les suivants : épuisement, désengagement, sentiment d’inefficacité, baisse des performances, baisse de la motivation et perte de confiance en soi [5]. Tandis que les symptômes du surentraînement peuvent demeurer de quelques semaines à quelques mois, ceux de l’épuisement peuvent, quant à eux, demeurer de quelques mois à quelques années [1].

Le stress global VS la récupération
Le scénario expliqué ci-dessus est celui le plus connu. Cependant, il ne s’agit pas pour autant du plus commun. Lorsque l’on parle de surentraînement et de stress physique, l’entraînement est souvent l’unique variable explorée et sur laquelle l’emphase est mise. Cependant, si l’athlète a eu un rhume par exemple et qu’il a continué à s’entraîner de la même façon, si l’élève athlète a eu des évaluations en éducation physique parallèlement à ses entraînements ou s’il manque actuellement de fer ou d’autres vitamines essentielles, il importe d’inclure ces éléments dans l’analyse de la situation. Le corps vit alors un stress plus important qu’anticipé avec la charge d’entraînement.
En ce qui a trait à l’épuisement sportif, la notion de stress global entre en ligne de compte, c’est-à-dire, le stress physique, mais aussi le stress émotionnel et le stress psychologique combinés. En ce sens, si un athlète tolère physiquement l’entraînement, mais se sent actuellement submergé par les études, le travail ou une situation personnelle difficile, il doit se permettre de récupérer mentalement et émotionnellement comme il le ferait physiquement lors de périodes d’entraînement intenses [2]. Le problème souvent observé, c’est que le sport pratiqué devient régulièrement un exutoire donc, le moyen de gérer le stress psychologique et émotionnel. Comme indiqué auparavant, la baisse de performance ne se fait pas toujours sentir dès le départ et parfois pousse l’athlète à surcompenser encore plus afin de retrouver ses capacités. Mais à un certain moment il importe davantage de récupérer que d’ajouter du stress et de continuer à créer un déséquilibre de plus en plus important.

La récupération et le repos sont-ils synonymes ?
Le repos est considéré comme la récupération passive, ce qui est nécessaire. L’aimantation et la régénération du corps par les nutriments aussi. Cependant, la récupération active est également nécessaire afin d’assurer un équilibre optimal entre stress global et récupération [2]. Par récupération active l’on entend la relaxation, la méditation, le yoga, les étirements, etc. Il importe de mettre en place des moments et des outils de récupération active permettant tant au corps qu’au mental de l’athlète de récupérer adéquatement. De plus, la récupération est un processus dans le temps qui dépend du type et de la durée du stress vécu par l’athlète. Elle dépend aussi de la réduction, du changement ou de l’arrêt de ce stress et est complète lorsque l’équilibre psychophysiologique de l’athlète est retrouvé [2]. Vous l’aurez donc compris, l’entraîneur peut avoir une idée de la récupération, mais l’athlète demeure le principal concerné pour l’évaluation de son état actuel.

Les facteurs de risque
Différents facteurs de risque sont dégagés par la littérature dont la présence de stress importants, une motivation extrinsèque au sport (ex. faire plaisir, perdre du poids, etc.), le perfectionnisme, les attentes élevées, la difficulté à s’adapter aux signes de fatigue, une personnalité anxieuse, des demandes importantes associées à l’école et au travail, des antécédents d’entraînement excessif ainsi que des stratégies de gestion du stress non optimales ou adaptées [5]. Il importe de se rappeler que la présence de facteurs de risques ne signifie pas l’apparition automatique de la problématique, mais il s’agit de facteurs pouvant influencer l’apparition d’un déséquilibre entre stress global et récupération.

En conclusion, il importe avant tout d’être attentif à cette balance précaire entre stress global et récupération au quotidien. Le sport faisant partie intégrante de la réalité et même de l’identité de beaucoup d’athlètes, il est facile de se tourner vers celui-ci afin de gérer les divers stress vécus tous les jours. Cependant, l’ajout d’activité de récupération active est de loin beaucoup plus bénéfique pour l’équilibre corps-mental et, par le fait même, pour les performances de l’athlète.

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Sources :
Meeusen, R., Duclos, M., Foster, C., Fry, A., Gleeson, M., Nieman, D., Raglin, J., Rietjens, G., Steinacker, J. et Urshausen, A. (2013). Prevention, diagnosis, and treatment of overtraining syndrome: joint consensus statement of the European college of sport science and the American college of sports medecine. Med Sci sports Exerc., 45(1), 186-206.
Kallus, K.W. et Kellmann, M. (2001). Recovery-stress questionnaire for athletes, user manuel. États-Unis: Champaign édition.
Kellmann, M. (2010). Preventig overtraining in athletes in high-intensity sports and stress/recovery monitoring. Scandinavian journal of medicine & science in sports, 20(2), 95-102.
Readeke, T. (1997). Is athlete burnout more than just stress? A sport commitment perspective. Journal of sport & exercice psychology, 19, 396-417.
Goodger, K, Gorely, T., Lavallee, D. et Harwood, C. (2007). Burnout in sport: a systematic review. The sport psychologist, 21, 127-151.
Gustafsson, H., Kenttä, G. et Hassmén, P. (2011). Athlete burnout: an integrated model and future research directions. International review of sport and exercise psychology, 4(1), 3-24.