Au cours des dernières années, la recherche a fait de grandes avancées concernant les différences entre les garçons et les filles en ce qui a trait à leur développement physique, leurs méthodes d’apprentissages, leur développement psychoémotionnel, etc. Soyons francs, pourquoi ce serait différent en ce qui concerne leur progression dans le monde sportif? Pourquoi tous deux devraient répondre de la même façon au même programme? Messieurs, prenez un instant pour vous rappeler du coach ou de l’enseignant qui vous a le plus marqué et demandez-vous pourquoi. Quel est le souvenir le plus fort avec lui? Et mesdames, qu’en est-il de votre côté? Et si nous allions plus loin… qu’est-ce qui vous a amené à pratiquer votre sport, à y adhérer au tout début? Et finalement, pourquoi avez-vous (ou n’avez-vous pas) persévérer? Fort est à parier que si nous mettions en commun vos réponses, il serait possible de voir rapidement quelques différences entre celles des femmes et celles des hommes.

Nous touchons ici une bonne partie du problème lorsqu’il s’agit de rétention des femmes dans le sport. Rappelons-nous, les concepts qui seront mis de l’avant dans cet article concernent la majorité et doivent être adaptés à notre unicité. Il se peut que ce soit différent pour vous et c’est parfait 😉

Être avant de faire
L’une des différences majeures qu’il est possible d’observer entre les garçons et les filles dans le sport est ce qui les amène à adhérer à celui-ci. Tandis que les hommes mettront des efforts sans reconnaissance première de leur coach ou de leurs coéquipiers pour performer, les femmes, de façon générale, auront besoin de sentir qu’elles sont appréciées, qu’elles ont une valeur au-delà de la performance pour s’investir. Pensez à vos cours d’éducation physique lorsque vous étiez enfants ou adolescents. Messieurs, qui choisissiez-vous en premier dans votre équipe? Et vous Mesdames? Fort est à parier que les gars choisissaient les plus performants et les filles celles avec qui elles avaient un lien, un sentiment d’appartenance.

Est-ce que cela signifie qu’elles ne performeront pas puisqu’elles ont besoin d’un sentiment d’appartenance et de sentir qu’elles « valent quelque chose » ? Ho que non! Si ce besoin est comblé, elles donneront tout pour leurs coéquipières, leur entraîneur et finalement pour elle.

Est-ce que cela signifie que les hommes n’ont pas besoin du sentiment d’appartenance? Bien sûr que non. Mais pour un homme, le fait que tous les membres de l’équipe soient centrés ensemble sur un but commun, soit la performance, supporte en bonne partie ce besoin d’appartenance et soude l’équipe. S’en suivra ensuite le développement d’un climat social plus profond davantage « tissé serré ».

L’image suivante supporte magnifiquement les étapes nécessaires à l’expérience positive vécue en sport pour les deux sexes.

Femmes et sport au Canada (2020). Gardons les filles dans le sport. Formation repérée au : https://womenandsport.ca/fr/accueil/

EntraîneuSE ou EntraîneURS
Malheureusement, comme vous avez pu le constater lors du premier article de la série, le taux de persévérance des femmes dans le sport est dangereusement faible. Ce qui signifie que le pourcentage d’entraîneuSES n’est certainement pas égal à celui des entraîneuRS. Donc, les filles sont majoritairement entraînées par des hommes pour qui l’engagement dans le sport diffère de celui des femmes. Sont-ils de mauvaises fois? Pour la majorité, vraiment pas! Au contraire, croyez-moi, lorsque je discute avec des coachs ils se cassent la tête pour garder leurs filles! Mais ils n’ont clairement pas les mêmes références. C’est pourquoi il est plus que nécessaire d’éduquer en ce sens puisque l’entraîneur, malgré toute sa bonne volonté, utilisera ce qui est naturel pour lui… mais pas pour ses filles nécessairement.

Les expériences renouvelées
Maintenant que vous comprenez mieux pourquoi vous avez parfois certaines frictions lorsque vous pratiquez un sport avec votre conjoint.e ou pourquoi, mesdames ,vous avez parfois certaines résistances face à l’importance «exagérée» mise sur la performance, il importe de se rappeler ceci : l’expérience doit être continuellement renouvelée. Je m’explique… Ce n’est pas parce que l’entraîneur de Marie la valorise à la réussite d’une médaille ou d’un pointage que tout est dans la poche! Le sentiment d’appartenance et le sentiment que l’on a une valeur comme personne doivent toujours être en toile de fond. Et c’est souvent là que le bât blesse le plus. Pourquoi? Parce que la majorité des entraîneurs comprennent qu’il est essentiel de créer un lien de qualité, de renforcer l’athlète et de mettre de l’avant ses réussites, mais il est plus difficile de le faire quand l’athlète n’atteint pas ses objectifs. Et selon l’image précédente… il y a performance s’il y a valorisation, appartenance et reconnaissance. Vous comprenez? Il est essentiel d’ouvrir plus grand notre champ de vision, bien au-delà des scores et des médailles. Ces besoins se comblent au quotidien, face à un geste technique réussi, face à un défi, face à un moment difficile ou une remise en question. Non pas en niant une difficulté ou en surévaluant une réussite. Non! Mais bien en accueillant les émotions, en mettant de l’avant le travail accompli, en normalisant les défis, en utilisant les forces de l’athlète (et de la personne) comme leviers, etc. En ce centrant momentanément sur ces éléments, en mettant de l’avant la tâche (technique, tactique) et mettant de côté les résultats et les objectifs de performance lorsque nécessaire, l’atteinte de ces derniers sera d’autant plus facile, croyez-moi.

Parce qu’il faut, lorsque l’on travaille avec des femmes dans le sport, voir la personne, derrière l’athlète et lui montrer que nous la voyons et la supportons. Et si cela est fait, l’athlète sera toujours là, pas très loin… c’est certain!

 

Références :
Cox, R. H. (2013). Psychologie du sport. Traduit par Christophe Billon. Bruxelle : Édition De Boeck Université.

Femmes et sport au Canada (2020). Gardons les filles dans le sport. Formation repérée au : https://womenandsport.ca/fr/accueil/