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Inspirer.

Dans notre vie personnelle et professionnelle nous créons régulièrement une hiérarchie interne. Nous nous situons à un endroit sur notre «échelle» et nous situons certaines personnes au dessus ou en dessous de nous. Parfois sans préjugé, par exemple lorsqu’il s’agit d’une situation d’apprenant-enseignant ou d’une situation de boss-employé. Cependant, il arrive très souvent, et ce parfois sans rendre compte, que cette hiérarchie se crée dans notre tête en lien avec nos préjugés ou nos petites «bibittes personnelles».

Pendant longtemps (je confesse encore parfois!) j’ai eu le syndrome de l’imposteur. Ce syndrome peut se traduire en d’autres mots comme un sentiment de «mon dieu il doit y avoir quelqu’un de mieux placé que moi pour faire cela, avec plus de connaissances, plus d’expérience…. bref plus de tout… (:-P)» ou «Ha ouin, tu penses que je peux faire ça ?! Je ne pense pas que malgré tel projet, telle réussite, tel dévouement… je sois encore la mieux placée pour ça»!!! BREF… le sentiment de demeurer toujours dans la position élève face aux autres que l’on regarde avancer.

Dans la dernière année j’ai fais le choix de croire en moi et d’essayer. RISQUER. Parfois mes idées et projets fonctionnent, parfois non. Comme toute personne dévouée et qui met son coeur dans chacun de ses projets, je me suis remise en question. J’ai regardé les réalisations des autres et je me suis demandé quel chemin était le mieux pour moi. J’ai appris à m’écouter et à entendre (oui il faut accepter d’entendre!) cette voix qui me disait «Oui tu le peux et oui c’est le chemin». J’ai appris à sentir ces frissons et mon coeur qui s’emballe lorsque je crée ou réalise un projet qui me fait vibrer.

Mais le dernier apprentissage que j’ai fait c’est celui du mot INSPIRER. C’est drôle parce que pour moi, dès mes premiers pas en yoga et en psychoéducation, je savais être inconfortable avec ce que j’appelle le «Gururisme». Ce moment où l’aidant embarque les deux pieds dans le piège de combler un besoin personnel par ce que l’aidé lui apporte. En yoga, on voit beaucoup, mais beaucoup trop de choses pour inciter les élèves à rester dans une classe, suivre une prof ou s’inscrire à des formations. Plusieurs services sont supers bien vendus… mais pas nécessairement adaptés à la personne… Lorsque je donne un atelier, une conférence, un cours ou autre, je dis toujours «Je n’ai pas la science infuse et ce que je vais vous apprendre aujourd’hui est une mini bribe de ce qui existe dans le monde du yoga ou de la psychoéducation. Il vous appartient de garder ce qui vous parle et de continuer vos apprentissages selon vos intérêts et vos valeurs». Pour moi ceci est E-S-S-E-N-T-I-E-L (si je pouvais le faire clignoter en jaune je le ferais!)

Vouloir aider et accompagner c’est donner notre max en demeurant dans notre champs d’expertise et savoir référer ailleurs lorsque l’aidé a des besoins que l’on ne peut pas rejoindre par notre savoir et notre savoir-faire. Savoir laisser partir même si cela diminue le revenue et nous fait parfois de la peine puisqu’un lien existe entre l’aidant et l’aidé fait partie de notre travail.

Lorsque je suis en position d’aidant… ceci est clair et je me fais un devoir de m’assurer que je le garde au centre de ma pratique.

Mais lorsque je suis en position d’aidée… ouf! Laissez-moi vous dire que cela m’aura pris 31 ans à transférer mes connaissances de ce côté-ci de ma hiérarchie interne haha! J’ai réalisé que moi et beaucoup d’autres personnes regardons ceux qui nous entourent avec des yeux qui nous empêchent de s’envoler complètement.

J’ai réalisé qu’à la place du mot Inspirer… je plaçais le mot « influencer».

J’ai réalisé que souvent, face à notre syndrome de l’imposteur, on se place en posture d’aidé même quand ce n’est pas le cas, et on laisse nos décisions, nos actions, notre réalité se teintés de ce que les autres font, dégagent ou de ce qu’ils désirent pour nous (pour eux?!). J’ai pris le temps de regarder les gens autour de moi, tant dans ma vie personnelle que professionnelle, et j’ai remis les choses en perspective.

J’ai annulé la hiérarchie interne…

J’ai décidé d’être inspirée et non influencée.

Moi… comme personne unique avec mes aspirations, mes valeurs et mes rêves…

Moi… avec mes forces, mes difficultés et ma vision propre de mon avenir…

J’ai compris, à 31 ans, que je désire et mérite d’être inspirée par toutes ces personnes inspirantes qui m’entourent… mais en laissant à elles ce qui leur appartient et en continuant avec ce qui fait partie de moi afin d’inspirer également à mon tour chaque personne qui… sans aucun doute… ne peuvent être placées dans une hiérarchie.

Namaste.

Chrystelle